Cryothérapie : un soin injustement critiqué ?

En fait-on trop autour de la cryothérapie corps entier ? Comment évaluer les effets de ce soin ? Depuis sa démocratisation en France, la cryothérapie corps entier a régulièrement était remis en cause. D’abord par les professionnels de santé qui souhaitent voir une réglementation se mettre en place autour de ce soin. Puis face à la multiplication des accidents, des voix se sont élevées pour dénoncer les dangers de cette technologie. Enfin, la multiplication des centres et des acteurs peu scrupuleux prêts à avancer tous les arguments pour faire venir le plus de clients possibles a fini d’entacher la réputation de la cryothérapie. Très récemment, un article de l’UFC Que Choisir remet en cause les effets de ce soin.

L’article publié par l’UFC Que Choisir remet en question la cryothérapie corps entier et ses effets. Il faut dire que ce soin est souvent présenté par les non professionnels de santé comme la solution miracle à tous les maux. D’ailleurs, l’article en question résume parfaitement bien cet aspect fourre-tout.

« Vous souffrez de courbatures après le sport, d’une tendinite récalcitrante, de douleurs chroniques dues à une maladie ou une blessure, de psoriasis, de troubles du sommeil, d’un stress invalidant ? Un ami bien intentionné vous a peut-être conseillé la cryothérapie. »

Lorsqu’il est question de cryothérapie, il incombe aux personnes équipées de tels équipements de faire très attention aux termes employés et plus encore de prendre du recul sur cette technologie. En effet, il s’agit d’un soin complémentaire et non d’un remède à lui seul. Aucune personne sérieuse ne peut affirmer que la cryothérapie corps entier à elle seule peut traiter une tendinite, ou mettre fin à un cas de psoriasis. D’autant plus que chaque individu réagira différemment à un soin par cryothérapie, il n’est pas possible d’évaluer à l’avance les bienfaits qu’aura cette technique sur toutes les pathologies. Lorsque la cryothérapie est utilisée dans un but médical, il est essentiel de consulter un médecin, un kinésithérapeute ou encore un ostéopathe.

S’il est nécessaire de considérer la cryothérapie comme un soin complémentaire, il ne faut pas pour autant faire un bashing systématique de cette technologie. En effet, l’utilisation du froid en traumatologie est une technique bien connue des professionnels de santé notamment les spécialistes du sport mais aussi du grand public. Toute personne qui a un jour regardé un match quelconque a déjà observé des professionnels de santé traiter des joueurs à l’aide de bombes de froid pour les soulager après un choc. L’intérêt du froid pour prendre en charge une inflammation (et ce même de manière provisoire) est connue depuis bien longtemps. La cryothérapie corps entier reprend le même principe qu’une bombe de froid (mais à une échelle différente) appliquée sur une zone venant de subir un choc. Par ailleurs, l’utilisation quasi systématique par les grands athlètes de la cryothérapie corps entier est un autre élément venant prouver son intérêt dans la préparation et la récupération sportive. N’oublions pas que les joueurs professionnels sont suivis par des professionnels de santé (kinésithérapeutes, ostéopathes et médecins du sport) qui mettent au point des protocoles de soins adaptés et personnalisés en utilisant la cryothérapie comme soin complémentaire aux différentes manipulations qu’ils réalisent sur les joueurs.

Par ailleurs, l’action antalgique du froid est reconnue scientifiquement et ce depuis bien longtemps. C’est pourquoi il est difficile de remettre en question l’utilisation de la cryothérapie notamment dans le domaine de la traumatologie ou plus généralement des inflammations.

A force de lui prêter toutes les vertus, il est difficile d’évaluer concrètement l’intérêt de la cryothérapie pour le bien-être. Les exagérations et les faux arguments des propriétaires de centre de cryothérapie tendent à mettre en doute les bienfaits de la cryothérapie pour le bien-être. Pourtant, les nombreux articles sur « le secret du froid chez les peuples scandinaves » sont nombreux. En Finlande, les scientifiques recommandent des bains glacés pour améliorer le moral en boostant la production de dopamine.

Bien qu’il soit difficile d’évaluer scientifiquement les bienfaits du froid sur le bien-être, ses effets notamment sur la prévention des pathologies communes comme les rhumes a déjà été évaluée. C’est d’ailleurs pour cette raison que dans certains pays comme le Japon, les enfants sont encouragés à se déplacer dévêtus en hiver lorsque les températures sont très faibles. Le froid renforce le système immunitaire et permet donc de mieux lutter contre les pathologies hivernales.

L’article publié par l’UFC Que Choisir s’appuie sur le rapport publié par l’Inserm il y a quelques semaines. Il cite d’ailleurs régulièrement les conclusions de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale. Parmi les passages les plus marquants de l’article, celui traitant de l’efficacité de la cryothérapie :

« Globalement, les résultats sont décevants. D’une part, quand ils sont en faveur d’un effet positif de la cryothérapie, ces résultats sont modestes et mesurés uniquement à très court terme. D’autre part, la qualité méthodologique des études laisse beaucoup à désirer, ce qui doit amener à relativiser d’autant plus les effets positifs rapportés. […] »

Mesurer les bienfaits de la cryothérapie dans son application médicale et bien-être est particulièrement difficile. En l’absence d’étude scientifique, il est impossible pour le corps médical de s’appuyer de manière ferme et définitive sur l’utilisation de cette technologie. La cryothérapie n’est pas une exception à la règle d’autres techniques connaissent ce même handicape. Toutefois, avec le recul de ces dernières années, il est devenu clair pour les professionnels de santé utilisant ce soin sur leur patient que les effets de la cryothérapie ne sont pas instantanés et que des protocoles de soins adaptés aux pathologies et à chaque patient doivent être établis. Un protocole est donc nécessaire pour évaluer l’amélioration de l’état de santé du patient.

L’absence d’étude scientifique résulte de l’impossibilité de traiter la cryothérapie comme n’importe quel médicament. En effet, il n’est pas possible de procéder à des études comparatives comme le font les scientifiques en créant différents groupes de cobayes et en utilisant des placebos contre le médicament à évaluer. Cette problématique est un blocage pour étudier de manière scientifique l’impact de la cryothérapie. Alors comment évaluer les effets de la cryothérapie ?

Plusieurs articles ont mis en lumière les effets de la cryothérapie sur les maladies inflammatoires et notamment sur la fibromyalgie. En mars 2018 un article paru dans Santé Magazine révélait que l’Université de Reims Champagne-Ardenne a réalisé une étude sur les bienfaits de la cryothérapie contre certains symptômes majeurs de la fibromyalgie. D’autres études se penchent sur l’utilisation de la cryothérapie corps entier dans la prise en charge de certaines pathologies. Sur le site de référence pour les professionnels de santé PubMed en tapant les termes « whole body cryotherapy » 641 résultats apparaissent, il est possible d’y trouver des études sur les effets et les indications de la cryothérapie sur un grand nombre de pathologies.

« Face à ces incertitudes, un point ne fait pas de doute : des effets secondaires potentiellement graves ont été constatés. Les brûlures, parfois extrêmement sévères. »

Si les bienfaits de la cryothérapie corps n’ont pas été prouvés scientifiquement, en revanche ses effets secondaires sont connus et régulièrement pointés du doigt. Plusieurs cas de brûlures ont été recensés. Si ces accidents sont bien réels, il est important de rappeler que dans de nombreux cas, ils sont liés à un manque d’encadrement. L’absence de régulation et l’utilisation de la cryothérapie dans un cadre de « business » où la rentabilité est le seul enjeu est problématique. D’autant plus que cette technique est à utiliser en prenant en compte un grand nombre de précautions. C’est pourquoi, des formations devraient être obligatoires.

Des précautions doivent être prises avant de placer une personne dans une cabine de cryothérapie. Il est essentiel d’effectuer une prise de tension et de poser un certain nombre de questions relatives aux antécédents de santé. En réalisant des séances avec un professionnel, les risques d’accidents et d’effets secondaires sont donc fortement diminués.